Monday, December 2, 2013

Linguistic pollution (mise à jour)


[Sept 2011] The media seems so far uncertain, whether the victors in Tunisia’s elections, Ennahda (i.e., Hizb al-Nahda
حزب النهضة 
‘the Renaissance party’) are “moderates” or “Islamists” or both.  But recent remarks of its leader, Rached al-Ghannoochi [pron. RASH-id al-ghan-NOO-shee]  give one pause:

Soufflant le chaud et le froid, il a regretté que les Tunisiens soient devenus «franco-arabes» dans la pratique du langage. «Nous sommes arabes et notre langue c'est la langue arabe», a-t-il martelé. «On est devenu franco-arabe, c'est de la pollution linguistique», a déploré le chef d'Ennahda, reprenant un des thèmes de prédilection du Front islamique du salut en Algérie au début des années quatre-vingt-dix. Formé en Égypte et en Syrie puis exilé vingt ans à Londres, Rached Ghannouchi parle anglais couramment mais ne maîtrise pas le français qui est encore largement pratiqué depuis l'indépendance dans les milieux éduqués tunisiens.

Executive summary:  the Arabic language is polluted by French.

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Si cela vous parle,
savourez la série noire
en argot authentique d’Amérique :

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English, of course, has been in this pickle ever since 1066.  Of the three main words in the phrase “the language is polluted by French”, only one is not of French origin -- the word French itself, cognate with Frankish, named for the Germanic tribe, the Franks.  Yet somehow our Saxon tongue manages to hobble along regardless.

The liberal response is to shrug, at most to scold.  Yet notice this vigorous, and to an American probably unexpected response from a reader:

Moi je dis bravo les tunisiens, vous avez une identité, vous avez une culture et vous voulez la garder, c'est tout à votre honneur.
La mondialisation ne vous amènera rien, restez tunisiens de souche, et n'ayez pas honte.
Nous en France on fait l'inverse, et on va même beaucoup plus loin! Etre fier d'être blanc, en France, c'est du racisme ! Admettre qu'on a une histoire chrétienne, c'est injuste. On a même viré Charles Martel de nos bouquins d'histoire, pour pas irriter nos immigrés (tant pis si c'est notre histoire)...
Cette préférence étrangère s'estompera un jour. A aller dans un sens à l'extrême (par intérêt politique principalement, pas par noblesse), vous verrez qu'on basculera dans l'autre sens à l'extrême, et la ca sera écoeurant ...

This is the sort of text which future historians will unearth, shaking their heads, as a sour smoke rises from the embers …


For more on the dimensions of these tensions, click here.

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Travaillant au noir,
le détective  se trouve aux prises
avec le Saint-Esprit

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Further politico-linguistic comments from readers:

Pour ma part je suis plutot favorable à ce genre de mesure, en effet étant Alsacien je me desole de ce que nous parlions ici En Alsace , une langue étrangere à notre culture d'origine, l'allemand et l'alsacien, et qui de facto nous met au chomage en raison des nombreux emplois qui nous échappent au Baden-Württemberg et en Suisse Alémanique, la france n'assurant pas quant à elle sa part de notre développement , trop occupée à nous pomper notre fric.

[NDLR:  The reference is to Alsatia, part of Alsace-Lorraine -- or,  teutonice, Elsaß-Lothringen.  It was long a political football before winding up permanently in French hands.  As my Romance-philology teacher Yakov Malkiel used to sigh, linguistically the situation is quite simple:  Alsatia is German-speaking, Lorraine is French.  They could have split the difference and spared us all a couple of world wars.]

Vive l'anglophonie. Ghannouchi n'est pas un "franalphabète": il passé 25 ans à London.
La Tunisie doit se débarrasser des vestiges de la colonisation:
- remplacer le français par l'anglais.

 
[NDLR:   I assumed this -- from an anglo-named poster -- was meant as a gonzo provocation, tongue in cheek -- or rather, protruding from the lips.  Yet the same sentiment is reiterated more moderately by another poster:]

En tant que tunisien, je suis favorable à la surpression de la langue française de notre système éducatif. Les plus intelligents ont déjà compris que l'anglais est la langue d'avenir. Sincèrement, le français devient un vrai obstacle pour notre avancement et notre ouverture au monde.

Que dire aux 500 000 tunisiens qui vivent en France et aux étudiants qui viennent dans nos grandes écoles ou universités, justement parce qu'ils n'ont pas de pb de langue, ils sont en effet bilingues dans les classes éduquées.

[NDLR: The same remarks apply mutatis mutandis to English:  a world language, and a gift to the world.]

Le français est aussi truffé de mots anglais...

[NDLR:  Far, far less than the other way around.]

Le français est une langue synthétique ( mélange de latin, grec, patois ) à l'orthographe bordélique et grammaire infernale.
l'arabe une langue pure. Ecriture consonnatique normalisée ( on vous fait grace des voyelles ). Grammaire cartésienne.

[NDLR:  We address such questions in the chapter “Thumbnail Sketches of Arabic” in our book, The Semantics of Form in Arabic, in the Mirror of European Languages.  Also available in Arabic translation.]


L'espace tunisien a été phénicien, romain, vandale, byzantin   puis arabe, turque et français. Jusque dans les années 600 et la conquête arabo-musulmane, il fut le phare africain du christiannisme. Tout au long de cette Histoire, une seule constante : le peuple original de la Tunisie, les Berbères, païens longtemps résistants, et leur langue. La seule langue que devraient revendiquer aujourd'hui les Tunisiens pour affirmer leur identité. L'arabe est une langue importée, comme le français.


[NDLR:  This is historically quite true, though to propose Berber (which dialect?) as the sole language of any country, is a reductio ad absurdam of the politique identitaire.]


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Pour d’autres friandises
de la confiserie 
du docteur Justice,
consultez:

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[Update 15 VII 2012] More on al-Nahdah:
http://www.lefigaro.fr/international/2012/07/15/01003-20120715ARTFIG00100-tunisie-ennahda-fait-passer-le-pouvoir-avant-l-ideologie.php



[Update 2 December 2013]  On discute beaucoup de ces jours, au Maroc, si l’on devrait évincer l’arabe classique  (الفصحى) dans les écoles, au profit “du” dialectal.    Or, comme avance Omar Saghi, docteur ès sciences politiques, il n’y en a pas qu’un:  la langue populaire diffère de région en région, voire de ville en ville même au dedans des confins du Maroc.

Ici sa conférence

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